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14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 11:10

Capture-d-ecran-2012-11-14-a-11.55.54.pngDimanche soir j'ai voulu regarder un film dont le titre m'intriguait : la chambre des officiers. Le synopsis avait l'air prometteur : l'histoire d'un sergent qui aux prémisses de la première guerre mondiale s'était fait défigurer par un éclat d'obus qui lui avait arraché le bas du visage. Ne pouvant plus parler et salement amoché, il avait été conduit dans un service spécial de l'hôpital militaire du Val-de-Grâce occupé par d'autres gradés atrocement défigurés par leurs blessures. Une chambre à part, un antre de la douleur où chacun se voit à travers le regard de l'autre. Cinq ans entre parenthèses à nouer des amitiés irréductibles avec des compagnons d'infortune. Cinq ans de reconstruction pour se préparer à l'avenir, à la vie.

 

Bref, je pensais que ce film pouvait être très intéressant pour comprendre la douleur et la difficulté de se reconstruire après la perte d'une partie de son identité, l'impression d'être un monstre aux yeux des autres. 

 

Donc je me suis installée et j'ai commencé à tranquillement regarder ce film, qui commençait d'une jolie façon : la rencontre sur le quai de gare d'une belle jeune femme et leurs échanges sur la stupidité de la guerre. 

 

Puis fatalement, l'accident arrive et la mise en scène se révèle très intéressante : la caméra n'offre pas de gros plan déplacé sur l'horreur de la blessure mais filme simplement les mains du sergent tandis qu'on entend sa voix en OFF comprenant peu à peu qu'il ne peut plus parler, qu'il a mal mais qu'il peut encore bouger ses membres.

 

Tout allait encore bien même si je ne sais pas pourquoi, j'étais paniquée à l'idée que la caméra fasse à un moment donné un gros plan furtif sur la béance sanguinolente de son visage et je commençais à ne pas me sentir très bien, juste par ce sentiment de gêne et de peur un peu d'être choquée par des images trop violentes. 

 

Une fois "trié" dans l'hôpital d'infortune improvisé dans une église un peu à l'arrière des champs de bataille, des soignants mettent le jeune sergent sur un brancard et l'installent avec d'autres blessés alités à l'arrière d'une camionnette en route pour un hôpital plus reculé et à même de pouvoir soigner correctement leurs blessures. Et c'est là que j'ai commencé à me sentir mal, très mal. En fait les brancards sont empilés deux par deux sur le principe de lits en hauteur et des gouttes de sang du blessé au-dessus du sergent commencent à lui couler dessus tout le long du voyage, à tel point qu'il doit se servir de ses mains pour faire écumoire.

 

Je ne sais pas si c'est la vision du sang ou le stress de découvrir l'horreur de la blessure ou le fait de sentir la mort à travers ces images, mais d'un seul coup mon coeur s'est emballé, je me suis sentie très mal, une envie de vomir m'a secouée et j'ai du m'allonger à même le sol, sur mon grand tapis multicolore pour recouvrer mes esprits. 

 

J'ai été obligée d'arrêter là le film, bien que je pense avoir vécu les instants les plus durs, mais je ne pouvais pas, plus risquer de me sentir aussi mal. Du coup ça m'a fait me poser pas mal de questions du style : "quel intérêt de jouer avec l'horreur et la sensibilité des spectateurs ?" Certes j'ai conscience d'être un peu sensible et facilement choquée par des images un peu trop dures et que ce n'est pas le cas de tout le monde mais je ne peux m'empêcher de penser que pour que la vision de telles images devienne insoutenable, il faut vraiment vouloir inspirer de tels sentiments au spectateur. Alors que je savais en voulant regarder ce film que je serais sûrement un peu mal à l'aise avec la blessure de cet homme mais que justement j'allais apprendre à dépasser ça en m'imprégnant du ressenti du patient et en faisant preuve d'empathie, comme nous sommes amenés à le faire en temps que thérapeute.

 

Ce film m'a donc au contraire un peu traumatisée, sans pour autant me révéler le véritable message qu'il véhiculait. Je suis donc déçue et vais plutôt me tourner vers la version papier, première, le livre dont a été tiré le film. Au moins avec les mots je sais pouvoir créer mes propres images et ressentir des choses autrement qu'avec les yeux. 

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commentaires

P
Ouiiii j'ai vu ! Je l'avais vu au cinoche avec mon chéri et on avait adoré ! :) Mais pour en revenir à "la chambre des officiers", je suis tombée sur le livre en faisant un petit tour dans ma<br /> librairie : du coup je vais pouvoir évacuer ma frustration et savoir comment est traitée cette difficulté de se reconstruire après un tel traumatisme :) Et je vous en parlerai ici aussi of course<br /> ;)
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M
Non mais ça ne va pas de regarder ce genre de films ? :P<br /> Si tu veux voir un bon film, Invictus passe dimanche soir, même si j'imagine que tu l'as déjà vu... Mais un film comme celui-là, ça se revoit avec plaisir ! :)
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