Je suis serrée contre lui. Sa tête est posée dans mon cou, je sens son souffle chaud qui me chatouille. Il fait nuit, le silence se fait partout autour de nous. J'ai les pieds collés à ses mollets, ses bras autour de ma taille, nous ne faisons qu'un. Je me sens protégée. Enfin. Mais même si j'ai 3 nuits sacrées à pouvoir passer tout contre lui, je sens mon coeur se serrer en pensant à toutes celles qui suivront, où je me contorsionnerai dans le lit en 140 en cherchant sa présence. Mes larmes coulent, ces séparations-retrouvailles nous ont à l'usure. Je me sens fatiguée mais je dors encore moins à ses côtés, je veux profiter de chaque instant, chaque minute où nous pouvons nous retrouver.
La distance est dure à tenir. Il y a non seulement l'absence physique de l'autre qui, même par téléphone ou skype, ne peut pas nous faire de câlins ou nous serrer fort dans ses bras quand le moral baisse. Il y a les textos qu'on ose pas toujours envoyer par peur de déranger - quelle heure est-il ? Est-ce qu'il a cours ? - le manque de bisous d'amoureux qui réchauffent aussi bien les lèvres gercées par le froid que l'âme. Il y a aussi ces différences de rythmes imposés par des vies/études différentes. Le prix exorbitant des billets de TGV ou d'avion qui nous empêchent de nous voir tous les week-end.
Mais surtout, il y a ce moment de réadaptation l'un à l'autre quand on se retrouve après 2,3 voire 4 semaines sans s'être revus. Et je crois que c'est ce qu'il y a de plus vicieux dans la relation à distance. Dans les films on nous donne à voir des scènes de retrouvailles où les amoureux se sautent dans les bras l'un de l'autre, s'embrassant à grande bouche. La réalité, tout du moins la nôtre, est quelque peu différente. Un brin timide, comme si on avait plus vraiment l'habitude de se sauter dessus au premier coup d'oeil, souvent entourés de membres de nos familles respectives ou de parfaits inconnus. Je suis impatiente de le retrouver mais quand il est là, enfin devant moi, il y a comme une boule qui s'immisce dans mon ventre, une petite question maligne qui murmure : "Est-il toujours le même, mon amoureux ?". Je suis souvent déçue par nos retrouvailles, moins passionnées que je le souhaiterais, souvent un peu bousculées par des détails techniques comme le transport de la gare/aéroport au chez soi de l'autre. Il y a donc toujours un petit temps où nous sommes un peu gauches, où on se teste un peu, où il y a parfois des larmes et des remises en question.
Mais quand nous nous avouons enfin notre amour préservé, bien protégé sous des couches de papier de soie et par une carapace mise à rude épreuve pour affronter une réalité d'un coeur isolé, c'est comme si un artifice de bonheur explosait à nouveau dans mon coeur, comme lors de la première fois, où je m'étais mise sur la pointe des pieds pour l'embrasser alors qu'il me prenait dans ses bras. Je ressens à nouveau ces palpitations de mon coeur qui s'emballe, toujours un peu plus fort et j'étouffe mes larmes de soulagement contre son torse. Il m'aime toujours, je l'aime toujours.
Nous nous aimons, malgré et contre tout.