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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 23:21

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Hier ma journée fut passionnante.

 

Elle débuta par l'émission des maternelles avec ce débat révélateur pour moi : " comment réagir face à un enfant hypersensible/ hyper émotif ". Les maman invitées pour parler de leurs enfants se retrouvèrent finalement à parler d'elles-mêmes. De leur propre enfance et de leur façon de traiter leurs émotions. La peur d'être jugée, de ne pas être acceptée par les autres au premier coup d'oeil, la peur de décevoir et donc de l'échec, et puis indubitablement la peur de l'isolement. Et ça m'a fait réfléchir. Alors que les enfants qui étaient décrits comme hypersensibles apparaissaient l'être depuis la naissance, je me suis demandée quand, chez moi, j'avais véritablement perçu cette différence et les difficultés qui vont avec. 

 

De mes premières années je n'ai que de vagues souvenirs. Sûrement acquis bien après cette période, transformés en souvenirs tout de suite appropriés à la suite de petites anecdotes racontées par la famille. De l'école maternelle me reviennent quelques événements : un petit frère scotché à mes jambes à la récré, une maman enceinte puis à la maternité, un papa débordé qui oubliait parfois de me mettre une culotte avant d'aller à l'école, et un amoureux très collant qui voulait à tout prix m'offrir des fleurs quand nous nous serions mariés. En bref, rien de vraiment traumatisant.

De l'école primaire il me reste de belles amitiés. Mes premiers baisers volés au chat perché, des chansons allemandes et autres expressions alsaciennes, des dessins griffonnés sur le coin des cahiers et un intérêt grandissant concernant la puberté des garçons. Mais je ne me souviens pas m'être jamais senti isolée ou même jugée à cette période.

Les soucis ont commencé avec ma rentrée en 6°. Déracinée de mon Alsace enfantine, j'ai atterri dans un collège de la campagne aixoise suite à un déménagement familial. Et c'est à cette période que le peu de confiance en moi qui s'était construit harmonieusement jusqu'alors s'est effondré. Pour quelles raisons ? Avec le recul j'en citerai deux. Tout d'abord le choc des cultures entre la population du nord de la France et celle du sud. Car dans mon école primaire alsacienne se côtoyaient des enfants de toutes religions, et de tous niveaux de vie. Nous ne prêtions donc pas plus que ça d'attention à nos vêtements ou autres signes extérieurs qui nous différenciaient les uns des autres. Mais dans le Sud j'ai tout de suite ressenti cette culture de l'apparence. Et mes pantalons vert prairie signés Kenzo ou mes chemisiers col claudine ne m'ont pas vraiment valu un grand accueil. Mais plutôt une angoisse des récrés, moments solitaires où j'étais obligée de quitter la salle de classe pour me cacher dans un coin de la grande cour, délaissée par tous. Deuxième raison, mes bonnes notes. Qui m'ont très vite valu d'être cataloguée comme une " intello ". Je me suis donc sentie rejetée, mal jugée et rendue indigne de copiner. Je me souviens des batailles que j'ai du mener afin d'expliquer à mes parents que mes vêtements freinaient toute relation sociale, des larmes que j'ai versé de nombreux soirs en cachette la tête enfouie dans mon oreiller, des crampes au ventre quand le réveil sonnait sorte de glas pour le pénitencier. Puis, doucement, je me suis effacée, sentant comme ce besoin de créer du lien social avec les gens de mon âge était primordial. J'ai délaissé quelques matières, aidé certains à obtenir de bonnes notes en jetant un coup d'oeil sur ma copie, et je suis finalement entré dans un groupe d' " amies ". Mais ce n'était pas moi.

Ce faux-semblant qui dura 3 ans eut de grosses répercussions sur l'image que j'avais de moi, de mon corps, de mon appréciabilité. Et mon déclic fut, vous vous en doutez, la lecture puis l'écriture. Mais surtout le changement d'établissement, suite à un nouveau déménagement. Et je remercie mes parents qui, inconsciemment à ce moment, m'ont permis de faire peau neuve. En effet dans ce nouveau collège j'ai découvert des gens plus tolérants, plus exigeants également dans leur travail scolaire et je me suis sentie à nouveau en harmonie avec les gens de mon âge. Bien que cela m'ai laissé des séquelles. Comme une passion des fringues et autres emblèmes de la personnalité. Ou plus profondément, un mal être et une timidité quand je gagne une nouvelle communauté. Car j'ai toujours peur de n'être pas aimée. De ne pas être jugée digne d'intérêt et de revenir à ces années collège où je me cachais dans l'ombre des autres. 

 

Et le débat animé ce matin par l'émission des Maternelles prenait tout son intérêt dans le portrait des solutions que ces femmes avaient mis en place pour se protéger et permettre à leur vraie personnalité de s'exprimer, sans crainte d'être trahie à tout moment par des émotions incontrôlables. Et je me suis également reconnue dans ses témoignages qui sont autant de victoires de l'adulte que l'on devient sur l'enfant que l'on était. J'ai aimé cette conclusion d'une des maman qui finalement se trouvait choquée de sa propre réaction parentale vis à vis du mal être de sa fille. Alors que petite elle s'était elle-même sentie abandonnée par ses proches face aux mêmes réactions. Car cela amène une vérité : n'oublions pas trop vite l'enfant que nous avons été. Comme si, finalement, le fait d'être parent nous obligeait aussi à nous souvenir de ce que c'est que d'être un enfant.

 

Comme je le disais en préambule, hier ma journée fut passionnante. Car j'ai pu me coucher avec dans la tête cette chanson de Maxime Le Forestier, grâce à un superbe documentaire sur France3. Et cette ode à San Francisco fraîchement découverte en famille m'a semblé très bien refermer cette parenthèse enfantine. Du temps où j'écoutais ces paroles en imaginant cette maison atypique perdue à la cime des montagnes ...

 

C'est une maison bleue, adossée à la colline, l'on y vient à pied, les gens qui vivent là ont jeté la clef ...

 

 

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commentaires

P
<br /> Merci marraine ! Merci d'avoir osé laisser une petite trace de ton passage par ici et merci pour le soutien que ce commentaire de ta part me procure :)<br /> Des zoubis tout pleins<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Pour réussir à faire un texte si agréable à lire sur une période si difficile à vivre, il en faut du talent!<br /> Il m'aura fallu du temps pour oser laisser un commentaire, mais comme promis c'est fait! Et, vraiment, chapeau bas à l'enfant qui est encore en toi.<br /> <br /> <br />
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